Judith Bellavance
au parc national Forillon

EXPOSITION

Le goût de la durée

Judith Bellavance, Montréal (Québec) | judithbellavance.com

« Le goût de la durée a germé lors de ma première expérience en tant que thanatopracteure. Je me suis rendue à Douglastown pour aménager le sous-sol de l’église selon les dernières volontés d’une défunte qui désirait être exposée dans son patelin. Interpellée par la polyvalence et l’aspect de ce vaste sous-sol servant de salle communautaire, j’y ai repéré des indices révélateurs des fonctions attribuées à ce lieu et j’ai décidé d’y réaliser un récit photographique. Je suis retournée à Douglastown à l’automne 2019 pour saisir ces indices avec ce point de vue qui caractérise mon travail photographique et j’ai utilisé ce matériel pour “raconter” une histoire inspirée, vivante et singulière.

« De nouveaux arrivants (annuels et saisonniers) viennent s’établirent en Gaspésie et teintent leur région d’accueil d’habitudes et de cultures diverses. À Douglastown, ces rencontres entre tradition et innovation, héritage et modernité, dépaysement et familiarité sont palpables. De nouvelles pratiques socioculturelles et économiques s’y implantent, s’entremêlant à un patrimoine culturel présent et hétérogène. En investissant ce sous-sol d’église, en l’imprégnant d’un sentiment d’appartenance palpable, cette communauté affirme son identité. C’est précisément cette volonté qui m’intéresse. J’ai relevé les traces d’activités collectives et de grégarité qui y ont été réalisées pour que persiste le sentiment d’appartenance. Sans chercher à documenter l’aspect des lieux, je donne à percevoir, ou à “lire”, cette volonté de manière poétique. » – Judith Bellavance

EXPOSITION AUX RENCONTRES

Le goût de la durée

Ayant d’abord œuvré dans le milieu de la peinture, Judith Bellavance a toujours été intéressée par les détails et la matérialité des objets. En se concentrant sur eux, elle en est venue à la photographie qu’elle pratique avec son expérience de peintre. Son travail photographique est le résultat d’une démarche consistant à collectionner, archiver puis à rapprocher pour enfin montrer et raconter tout à la fois.

L’artiste est fascinée par tout ce qui nous échappe : mémoire, sensations, capacité… Elle a donc fait des études en thanatologie au printemps 2019 et elle pratique depuis le métier de thanatopracteure en parallèle à son travail de création. Le laboratoire du complexe funéraire s’est fait voisin de l’atelier d’artiste. Cette proximité lui ouvre les portes de nombreux rituels à explorer et à inventer, ce qui se perçoit dans son travail de création, nourri chaque jour davantage par sa réflexion autour de l’altérité, de la perte, de l’absence et du désir.

Judith Bellavance a fait un baccalauréat en arts visuels à l’Université Laval à Québec. Son travail a été appuyé par le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Conseil des arts du Canada. Ses œuvres se retrouvent dans plusieurs collections publiques et privées.